Longtemps, la perception était que les coureurs parce que venus des hauts plateaux africains étaient intouchables, bien au dessus des autres. Mais il semblerait que le travail permette aux autres coureurs de combler l’écart initial avec ces coureurs et de réduire leur domination. Des athlètes européens brillent sur ou non loin des podiums. Qu’est qui explique cela ? On a un match!!
Perception d’un renouveau
Même si je cours des marathons depuis 4 ans, avant 2023, je m’intéressais à quelques courses médiatisées (Olympiques, Boston…), toujours avec admiration. Par exemple Boston 2023 ou les Olympiques avec Kipchogé. Mais depuis le championnat du monde à Budapest, je m’intéresse aux coureurs français. Ce sont Medhi Frère, Hassan Chahdi. Notamment, cette interview post-course m’a ouvert les yeux sur des athlètes de haut niveau simple, humain en quête d’une performance, comme nous, coureur du Dimanche! Voir: Interview de Hassan après sa 7ème place. Par la suite, sur les réseaux, j’ai découvert d’autres noms inspirants: Nicolas Navarro, Anais Quemeneur, Méline Rollin (grosse option de qualification avec le record de France à Séville en février 2024)…
Pour le marathon de Valencia, les chronos des français et françaises:
Athlètes | Temps | Âge (Groupe d’âge arbitraire) |
Mehdi Frère (préqualifiée JO 2024 mais disqualifié pour problème dans le suivi anti-dopage) – présentation sur j’aime courir | 2h05’43 | 27 ans (25) |
Nicolas Navarro (préqualifiée JO 2024) | 2h05’53 | 32 ans (30) |
Félix Bour (remplacera Mehdi Frère) | 2h06’46 | 29 ans (25) |
Morhad Amdouni (recordman de France – grosse option prise pour la qualification à Séville en Février 2024 – renoncera la veille des jeux sur blessure. Hassan Chahdi le remplacera. Actuellement dans le trouble https://www.lefigaro.fr/sports/athletisme/marathon-le-recordman-de-france-morhad-amdouni-va-etre-juge-pour-violences-conjugales-20241104 | 2h06’55 | 35 ans (35) |
Benjamin Choquert | 2h07’42 | 37 ans (35) |
Mekdes Woldu (préqualifiée JO 2024) | 2h24’44 | 31 ans (30) |
Mélody Julien (préqualifiée JO 2024) | 2h25’01 | 24 ans (25) |
Manon Trapp – article sur j’aime courir. (à la lutte avec Meline Rollin. Il lui faut battre le nouveau record de France. La barre est haute pour la sélection – elle échouera à battre ce record pour être retenue) | 2h25’48 | 23 ans (25) |
Fadouwa Ledhem | 2h25’50 | 36 ans (35) |
Est-elle une génération douée, plus visible et flamboyante ?
Sur le Marathon de Valence, trois générations olympiques se cotoyent. On a ceux autour de 35 ans (3 athlètes), 30 ans (2 athlètes) ou 25 ans (4 athlètes). Il y a un équilibre sur l’échantillon. On retiendra, que la plus jeune génération est là avec la moins jeune!
Les réseaux sociaux apportent une motivation: ils permettent à l’athlète de rayonner sur son sport. C’est l’occasion de fournir une visibilité sur ses conditions d’entrainement, son état d’esprit, ses sponsors…
Émulation / Compétition: L’émulation naît de la comparaison avec ce que les autres athlètes font. Avec la course aux minima et aux sélections, le haut niveau semble être sans pitié. Il ne doit en rester que 3 pour les JO. Cette émulation / compétition me semble être bien responsable de ce regain de performance. Chacun s’entraine dur et l’effet JO « pousse » le mental de ces athlètes vers du positif.
Le problème de l’esprit Français : Je suis Français et je vis à l’étranger depuis 10 ans. En écoutant les retransmissions des courses par des chaines françaises, je suis stupéfait/choqué d’entendre des commentaires négatifs plutôt que des encouragements ou des faits positifs. Les commentateurs ont peur d’y croire quitte à se tromper. Constamment on est dans le négatif comme si on ne croyait pas en nos athlètes et qu’on attend juste l’instant où ils vont défaillir. France, crois en toi! Libère-toi!!
À l’approche des Jeux Olympique de Paris et la mise au premier plan du Marathon par la course au Sub 2h de Kipchogé et Nike, des moyens semblent apportés par des marques et des mécènes. Ces moyens et cette attention de l’industrie peuvent faire la différence par rapport aux anciennes générations. L’athlète peut bénéficier de moyens lui permettant de subsister et d’avoir un support quotidien de coach psychologique, physique et logistique… Je ne sais pas dire si la fédération apporte ces moyens (probablement). Il existe également les équipes (Team Salomon…). Cependant, le problème peut-être les mauvaises fréquentations: À lire également un article intéressant sur l’accompagnement psychologique 20 ans en arrière et ses dérives.
Piste versus Route:
Je me demande si il n’y a pas une hiérarchie dans l’athlétisme qui privilégie la piste à la route…
Chaussures
Issu de la course à la performance pour le sub 2 heures (breaking 2 hours), le choix des chaussures est perçu / décrite comme pouvant faire la différence. Il est étonnant de voir que la lutte s’est resserrée entre Nike et Adidas. La chaussure n’est plus / pas un facteur de distinction. Voici les chaussures pour le podium de Valencia 2023:
Les fédérations
La fédération française organisent des stages avant les compétitions pour les athlètes sélectionnés. La fédération dispose d’un centre en altitude à Fon Romeu, d’un centre d’entrainement INSEP… A notez que certains athlétes bénéficient d’une chambre à loyer modique leur permettant d’être logé sur le site de l’INSEP. Voir la vidéo de runwise à 1h47 oû le fondateur de Run’Ix parle de cette structure.
Au canada, la fédération investit dans certains athlètes suivant certaines sélections (critère d’âge, évaluation de performances à court, moyen ou long terme…). Je n’ai pas le détail de l’accompagnement…
Dans d’autres pays, Allemagne(?), les athlétes sont supportés financièrement, par exemple pour aller s’entrainer au Kenya. En France, les athlètes se débrouillent pour se financer.
Les approches
La transmission d’expérience entre les générations ne semble pas/plus réalisée par les entraineurs. A l’heure des réseaux sociaux, il semble que pas mal de coureur s’entraine sans forcement de coach à leur côté (Mehdi Frère par exemple) en préférant aller piocher à droite ou à gauche.
De plus, il semble y avoir une effervescence sur les techniques d’entraînement. Ce n’est pas nouveau, par exemple, citons l’apparition de l’entraînement fractionné dans les années 60 avec Zatopec. Cependant, il semble que les réseaux sociaux décuplent les expérimentations et leur adoption à Jour 0. Citons la méthode norvégienne qui est sur toutes les lèvres! Quel est donc la place de l’entraineur dans la transmission du savoir ?
Lors d’un entretien avec Runwise, Charles Philibert-Thiboutot, athlète Canadien sur le 1500m, amenait l’idée que l’entrainement a changé avec la disparition de l’EPO. Auparavant, les athlètes dopés démocratisaient des entrainements biaisés en ne travaillant pas l’aérobie versus l’anaérobie. Avec la fin de cette époque, les entrainements ont changé et possiblement amené plus de possibilité, le dopage en moins.
–Approche Française:
Les élites semblent assez free style, tout du moins sur les réseaux. Cela tranche avec l’idée qu’on peut avoir de la vie d’un athlète. C’est peut-être là le gros changement par rapport aux générations précédentes: la quête de plaisir au quotidien. Il n’est pas rare de voir sur les réseaux sociaux des compétitions hors entrainement ou une orgie au Mac Do! Par exemple ils vont faire un 100x400m une journée pour rigoler (Mehdi Frère et Faustin Guigon) au cours d’une préparation! Pour le free style voir Jimmy Gressier sur ses vidéos : Dans la tête d’un lion. Cette exubérance est peut-être liée à une nécessité d’être visible sur les réseaux ou d’être reconnu tout simplement.
L’approche de l’entrainement en altitude n’est pas nouvelle. Cependant la tendance du moment est orienté vers les haut-plateaux Kenyans. Le camps d’entrainement RUN’IX est spotté par les francophones. On a pu y voir Mathieu Blanchard, Nicolas Navaro, Hassan Chahdi, Mehdi Frère, Maxime Lopes (Runwise)…). Iten semble être un complément au centre de la Fédération à Fon Romeu (voir La course et le Kenya.)
–Approche Keyanne / Éthiopienne
Entrainement sur les hauts plateaux et gros volume semblent être le secret. A voir l’interview de ce coureur Suisse d’origine Ethiopienne: Tadesse Abraham et les commentaires de Julien Wanders, coureur suisse installé au Kenya sur l’esprit sans limite des coureurs.
Finalement
Pas certain qu’il y ait un renouveau mais plus certainement une plus grande visibilité sur les athlètes de Marathon à l’approche des JO 2024. On verra après les jeux l’engouement se poursuit. A quand une lutte pour la boite par des français ?
Note: Mehdi frère a manqué à certaines contraintes fixées par le contrôle anti-dopage. Après 3 manquements (changement tardif de localisation), il a été lourdement sanctionné avec 2 ans d’interdiction (https://www.ouest-france.fr/jeux-olympiques/jo-2024-athletisme-suspendu-deux-ans-mehdi-frere-na-pas-convaincu-les-instances-antidopage-ee28048c-45f4-11ef-bd80-f32123ed3357). Grosse déception conséquence de ces manquements administratifs. C’est toujours con à ce niveau de raté les jeux pour un manque de rigueur.
A suivre…