Mission Impossible: S’arrêter et tuer ses rêves

Après les épreuves de marathon du Paris Olympique, j’ai un sentiment mitigé sur ce qu’on vécu nos marathoniens engagés.

Quelques exemples:

Morhad Amdouni, record de France du Marathon en Février, déclare forfait à la dernière minute. Depuis quelques mois, son état de santé était décrié sur les réseaux (peu ou pas de séance d’entrainement filmée sur Insta ou alors que des photos statiques…), amplifié par la chasse à la qualification des prétendants (notamment Hassan Chadi – https://www.youtube.com/watch?v=xy3dPSkMr6Y). Il déclare forfait sur blessure la veille de la course! C’est étonnant mais ça arrive. La bonne chose, c’est que Morhad a eu la force et le courage de déclarer forfait pour donner plus de chance à l’équipe de France avec son remplaçant, quelques heures avant le départ.

Méline Rollin a couru avec un sacrum fissuré pendant 10 jours pensant à un mal de dos. Elle ressentait des douleurs mais a pensé que cela était superficielle (https://www.leparisien.fr/jo-paris-2024/athletisme/un-tres-long-calvaire-la-francaise-meline-rollin-a-couru-le-marathon-des-jo-plombee-par-une-douleur-au-dos-11-08-2024-4OPBTY6XBNHKNMB3CIPLNUGCDI.php). Elle s’est engagée sur la course et à vécu un enfer. Certain voit du courage dans cette engagement, c’est vrai. Cependant dans un contexte de course olympique, je me demande pourquoi on n’est pas aller chercher la remplaçante pour, là aussi maximiser les chances de la France en jouant le collectif plutôt que l’individu ? Est-ce que le staff médical a bien fait son boulot ? Est-ce que le risque a été pris faute de mieux, les remplaçants n’étaient pas meilleurs pour le jour J ? Pourquoi pas de diagnostic pendant les 10 jours sachant que dès le lendemain de course, le diagnostic est tombé ? J’imaginais tout de même que nos athlètes sont comme des formules 1 qu’on bichonne et qu’un diagnostique médical complet se fait en un clin d’oeil (alors que pour le commun des mortels ça peut bien attendre à jamais!)

Shinead Diver, elle, a abandonné au 1er kilomètre! Elle témoignait que son corps l’a lâché après des critiques sur les réseaux – https://www.ouest-france.fr/jeux-olympiques/jo-2024-une-marathonienne-australienne-abandonne-apres-1-kilometre-et-accuse-les-critiques-en-ligne-8b7e9556-5a3c-11ef-a277-648d7bcf43b0. Dans son cas, il n’y avait rien à faire sauf peut-être de mieux la soutenir. Mais dans les cas de santé mental, il est souvent impossible de déceler quoi que ce soit. Cela doit nous rappeler que l’athlète aussi fort soit-il sont humain et vulnérable. Inacceptable à cause de quelques cro-magnons des réseaux.

Égoïsme, courage, faiblesse ?

Le marathon est dur. Même avec une préparation excellente, la course ne pardonne pas un écart sur son Pace, ses capacités du moment. Comme Kipchogé, on le paie cash au Mur (Le mur du Marathon n’existe pas! ).

Face à la blessure et avec des hauts objectifs, il est impossible pour n’importe quel athlète de jeter l’éponge. On pense toujours que le pire est derrière et que cela va s’améliorer, que c’est psychologique… Le No-Go est extrêmement difficile à prendre car c’est renoncer. Le renoncement est l’opposé du Marathon.

Personnellement, je ne suis pas champion, mais à chaque pépin de santé, j’ai du mal à m’arrêter de courir pour trouver de l’aide ou me donner du temps. C’est toujours la fin du monde. De plus, c’est La Croix et la bannière pour trouver un avis médical. Avant qu’on me diagnostique une déchirure de quelque chose ou une fissure d’un machin, ça va me prendre quelques mois…

Cependant, pour nos champions, on pourrait s’attendre à ce que leur entourage ait les ressources et les mots suffisant pour éclairer les diagnostiques et les décisions.

S’arrêter, c’est tuer son rêve. Les athlètes travaillent depuis des années pour ces objectifs. Sur un point individuel, on comprend très bien. Cependant dans le cadre de compétition nationale ça donne l’impression qu’on a une équipe de mercenaire qu’on cherche à ménager en fonction de leur égo. Je pense que les enjeux individuels (sponsor…) dépassent le cadre de la fédération notamment si on se réfère à l’imbroglio de la sélection de Mehdi Frère et du retrait tardif de Morhad.

A suivre…

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